Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Il y a un an à peine, on ne parlait que du précipice fiscal, ou gouffre budgétaire. Cette crise menaçait en effet de faire dérailler la reprise économique à peine amorcée aux États-Unis. Toujours au début 2013, la croissance ralentissait en Chine et l’Europe restait engluée dans une récession induite par les politiques d’austérité. Aujourd’hui… nous sommes en pleine reprise économique synchronisée à l’échelle mondiale, et les valeurs boursières ont augmenté la majeure partie de l’année!
Qu’est-ce qui explique un tel revirement? L’assouplissement quantitatif (AQ). Les banques centrales font recours à cette forme de stimulation monétaire pour empêcher les taux d’intérêt d’augmenter et raffermir la confiance des investisseurs envers les marchés boursiers, et ce, dans le but de soutenir la reprise économique. L’an dernier, la Réserve fédérale des États-Unis a décidé de frapper un grand coup en instaurant l’AQ… indéfiniment!
Depuis le début de l’année 2013, l’AQ a permis d’injecter chaque mois l’équivalent de 85 milliards de dollars dans le système financier. Quoique très controversée, cette mesure audacieuse semble bien fonctionner jusqu’ici. La plupart des marchés boursiers mondiaux ont dégagé des rendements de plus de 20 % en 2013… Aux États-Unis, l’épicentre de la stratégie d’AQ, l’indice boursier S&P 500 a grimpé de plus de 30 %.
Les marchés obligataires n’ont pas connu la même évolution. La politique d’assouplissement quantitatif semblant porter ses fruits, les investisseurs espéraient qu’elle serait assez rapidement délaissée, ce qui aurait permis aux taux d’intérêt d’augmenter. Comme vous le savez, toute augmentation de ces taux se traduit par une baisse des obligations. Les titres de créance traditionnellement les plus sûrs sont en effet les plus sensibles aux augmentations des taux d’intérêt; c’est par exemple le cas des obligations d’État et des obligations de sociétés de première qualité. Pour tous ces placements, 2013 s’est révélée la pire année en plus d’une décennie.
Au terme d’une année aussi exceptionnelle – exceptionnellement bonne pour les actions, mais exceptionnellement mauvaise pour les obligations – on doit évidemment se demander ce qui nous attend en 2014, d’autant plus que la Réserve fédérale s’apprête à atténuer sa stratégie d’assouplissement quantitatif.
Si le reste de l’année est fidèle à ce que nous avons connu au mois de janvier… attachez vos ceintures! Nous pourrions en effet vivre certaines turbulences. Cette volatilité, qui devrait toucher à la fois les marchés boursiers et obligataires, s’avérera néanmoins favorable, si toutefois elle se maintient dans certaines limites. L’assouplissement quantitatif constitue en définitive une sorte de « drogue » monétaire. À terme, il est donc probable que le « sevrage » des marchés financiers provoque des remous. Ils nous indiqueront simplement que nous sommes sur le chemin d’un retour à la normale.
En 2013, le prix des actions a été largement déterminé par les liquidités. En 2014, il faudra qu’il recommence à rendre compte des qualités fondamentales des entreprises : c’est dans l’ordre des choses! Puisque la situation économique s’améliore régulièrement, il est également à prévoir que les taux d’intérêt vont continuer d’augmenter. Cette hausse fera baisser la valeur des obligations; il n’y a cependant pas de quoi s’inquiéter car, tant qu’il reste raisonnable, ce recul montre aussi que l’économie se porte bien.
Les chroniques financières accorderont certainement une large place au retrait graduel des mesures d’AQ dans les semaines et les mois qui viennent. Cependant, c’est surtout l’évolution de la croissance économique mondiale qui doit vous intéresser, en tant qu’investisseurs. Fort heureusement, tout indique qu’elle s’accentue, principalement grâce à l’amélioration marquée de la situation économique aux États-Unis. (Warren Buffet disait : « Ne pariez jamais contre les États-Unis! »)