Marquée par une intensification de la volatilité des marchés dans toutes les catégories d’actifs, l’année 2015 s’est avérée très décevante pour les investisseurs. Au total, cette conjoncture a profité uniquement au dollar US : il s’est en effet considérablement apprécié par rapport aux grandes devises du monde, y compris la nôtre. Ce graphique illustre les variations du taux de change CAD/USD depuis 1975; il montre bien l’effondrement récent de notre dollar face au billet vert.
En tant que consommateurs, nous mesurons chaque jour les conséquences néfastes de la faiblesse de notre monnaie : elle alourdit le prix de nos voyages à l’étranger, mais aussi celui de tous les biens importés que nous achetons –produits d’épicerie, voitures, livres… Les taux de change ont aussi des incidences sur nos placements. En tant qu’investisseurs, nous devons nous y intéresser!
La baisse de notre huard fait augmenter la valeur en dollars canadiens de nos titres étrangers. À l’inverse, l’appréciation de notre dollar amenuiserait nos rendements.
L’année 2015 a été marquée par une dépréciation de notre dollar face au dollar US et à la plupart des autres devises du monde. Indice de référence pour les placements hors Amérique du Nord, le MSCI EAEO (Europe, Australasie et Extrême-Orient) a augmenté l’année dernière. Cependant, cet accroissement n’est pas du tout le même selon qu’il s’exprime dans les devises des pays constitutifs de l’indice ou en dollars canadiens : il s’établissait ainsi à 5,8 % selon le premier calcul, mais 19,5 % selon le second.
Même si les taux de change sont imprévisibles et volatiles, certaines tendances finissent généralement par se dessiner, et leurs effets perdurent parfois pendant plusieurs années. Par exemple, le S&P 500, l’indice de référence des États-Unis, a produit un rendement total annualisé de 15,1 % en USD sur les trois années se terminant le 31 décembre 2015. Sur la même période, son rendement en dollars canadiens s’est élevé à 28,6 %, presque le double!
Imaginez maintenant ce qui se passe quand la tendance inverse s’installe – comme entre 2002 et 2007, par exemple… Sur ces cinq années, notre huard a connu un essor fulgurant, passant de 0,61 USD à la parité avec le billet vert.
Pour neutraliser les variations attribuables aux taux de change, les gestionnaires de fonds négociables en bourse (FNB) ou de fonds communs de placement recourent à la couverture contre le risque de change. Cette stratégie procure aux investisseurs le rendement des titres sous-jacents du fonds, ni plus ni moins.
Après avoir atteint récemment un creux de 0,68 USD, le dollar canadien s’est très vite ressaisi et s’établit à l’heure actuelle autour de 0,73 USD. En décidant de ne pas abaisser une fois de plus les taux d’intérêt, la Banque du Canada a stimulé notre huard. Les analystes qui annoncent une stabilisation prochaine des prix pétroliers donnent aussi un petit coup de pouce à notre « pétrodevise ». Dans ce contexte, la couverture contre le risque de change peut s’avérer tout à fait recommandable. Malheureusement, la plupart des gestionnaires de fonds communs de placement ne recourent pas de manière très active à cette stratégie. Certains fonds d’actions des États-Unis ou de l’étranger sont offerts avec ou sans couverture de change; en collaboration avec ses conseillers, l’investisseur peut ainsi choisir la formule qui lui convient le mieux. D’autres ne proposent pas de couverture contre le risque de change; l’investisseur doit le savoir pour agir en connaissance de cause. Une chose est sûre : le sujet est loin d’être épuisé… Si cela n’est pas déjà fait, nous profiterons de notre prochaine rencontre pour en discuter!