Six semaines se sont écoulées depuis le 11 septembre 2001, une date qui restera à jamais gravée dans nos mémoires. Comme promis, j’aimerais vous proposer quelques commentaires sur ce que tout cela signifie pour vous en tant qu’investisseur et sur ce que nous pouvons prévoir à l’avenir.
La réaction économique
Tandis que notre attention a tendance à se porter sur la nature de la riposte militaire dans ce type de crise, le marché boursier se préoccupe avant tout de la nature de la réaction économique.
L’histoire nous révèle que les marchés boursiers se comportent généralement de la même façon en situation de crise. La toute première réaction est toujours marquée par une fléchissement importante de la valeur des actions. Ensuite, tandis que les craintes de répercussions économiques plus graves se dissipent, les prix commencent à remonter.
Il n’est donc pas surprenant qu’après le 11 septembre, toutes les bourses du monde aient chuté rapidement d’environ 10�%. Par contre, ce qui est tout à fait extraordinaire, c’est la rapidité à laquelle nous avons regagné du terrain, particulièrement dans le contexte du bioterrorisme à l’anthrax. Un mois seulement après l’attaque, les plus grands indices américains avaient récupéré la plupart des pertes du 11 septembre tout comme notre indice de référence au Canada, le TSE 300. Il semble que, du moins pour l’instant, les investisseurs ne prévoient pas que les retombées du 11 septembre rendent les choses pires que ce qui était déjà prévu. C’est-à-dire qu’on avait déjà prédit la possibilité d’une récession depuis quelques temps et le prix des actions avant le 11 septembre anticipait déjà ce risque. Il faut maintenant se demander dans quelle mesure l’économie pourrait continuer à s’affaiblir, repoussant toujours plus loin l’échéance d’un redressement. J’entends par-là que nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge et que d’autres bouleversements du marché sont possibles à l’horizon.
Le blues du marché à la baisse
Même si l’on hésitait énormément à prononcer le mot avant le 11 septembre, il semble maintenant que la récession ne fait plus aucun doute aux États-Unis ainsi qu’au Canada. C’est ce pessimisme récurrent dans le paysage économique qui a contribué à faire baisser le prix des actions toujours plus bas au cours des dix-huit derniers mois environ.
Au dire de tous, cela fait plusieurs décennies que nous n’avions pas assisté à une baisse des marchés aussi longue et aussi sévère. Ce qui a débuté comme une correction nécessaire après une des périodes les plus spéculatives de l’histoire de la bourse s’est poursuivi par une chute interminable, fruit de gains moins élevés que prévu pour les entreprises, d’une part, et de craintes d’un profond ralentissement économique, d’autre part. Tandis que le marché remontait à la moindre bonne nouvelle, les prix se sont de nouveau effondrés à mesure que les nouvelles sur le front économique étaient de plus en plus mauvaises.
Depuis mars 2000, on constate que les valeurs boursières ont chuté de 30 à 40 pour cent ou plus en moyenne (l’indice technologique de la NASDAQ a chuté de plus de 70%). Bien entendu, aucun d’entre vous n’a subi de pertes de cette ampleur. Mais ces chiffres sont révélateurs de la gravité de la baisse du marché.
Le redressement
La mauvaise nouvelle, c’est que l’économie nord-américaine est en récession. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a toujours lieu de croire que cette récession sera de courte durée. Ironie du sort, le 11 septembre pourrait avoir eu un effet positif à cet égard. Immédiatement après les attaques, les autorités canadiennes et américaines ont rapidement réagi afin d’enrayer toute chute économique en injectant au système monétaire des milliards de dollars en liquidité tout en continuant à baisser radicalement les taux d’intérêt. Ces mesures représentent de puissants stimulants économiques et ce n’est qu’une question de temps avant que les premiers effets ne se fassent sentir.
Compte tenu de l’information que nous détenons à présent, les économistes sont généralement d’accord pour prévoir un redressement de la situation dans les 12 prochains mois. Bien entendu, les prévisions économiques ne sont pas plus exactes que les prévisions météorologiques. Néanmoins, ce que nous pouvons affirmer pour l’instant, c’est que les attaques terroristes n’ont aucunement endommagé nos structures économiques et financières. De fait, on peut soutenir qu’elles se sont renforcées. Un redressement économique est donc inévitable et ce n’est qu’une question de temps. Quand le phénomène se produira, les marchés boursiers réagiront. Et comme les investisseurs tentent toujours d’anticiper les changements de situation économique, nous savons que la situation actuelle se retournera bien avant que la récession ne soit réellement terminée. Alors, courage, vos investissements recommenceront à porter fruit et probablement au moment où vous vous y en attendrez le moins.
Préoccupations géopolitiques
En lisant ce compte-rendu, vous vous demandez sans doute: �Oui, mais qu’arrivera-t-il s’il y a d’autres attaques?�, mais aussi: �Et que penser d’une possible escalade de la violence que cette nouvelle �guerre au terrorisme� pourrait déclencher?�. Certes, la situation est très inquiétante et il est clair que les retombées de tels événements ne seraient pas jolies. Toutefois, il est facile de laisser ce type de craintes nous envahir alors que rien ne prouve, pour l’instant, qu’une tournure aussi dramatique des événements est à prévoir.
Le monde a d� faire face à bien des crises dans son histoire. Bien que chaque situation soit unique, on aurait vraiment tort de penser que les circonstances actuelles sont d’une façon ou d’une autre plus menaçantes que tout ce que nous avons déjà vécu. Nous pourrions même nous souvenir du 11 septembre comme d’un tournant dans l’histoire qui a changé le monde pour toujours, pour le meilleur et non pour le pire.
Nous savons tous qu’il faut souvent attendre des événements catastrophiques pour que nous trouvions des solutions à des problèmes restés sans solution depuis bien trop longtemps. La menace du terrorisme international ne date pas d’aujourd’hui. À mon avis, ce n’est qu’un des multiples enjeux soulevés par le rythme endiablé dans lequel s’est engagée la mondialisation. Espérons qu’après avoir subi la tragédie du 11 septembre, nous saurons trouver des approches moins expéditives et plus sensibles pour relever ces défis.