Stabilité des marchés; excellents rendements sur les obligations et les actions : les huit premiers mois de l’année 2014 ont été doux pour les investisseurs… La volatilité est toutefois revenue au devant de l’affiche en septembre; fin novembre, la chute des prix pétroliers avait complètement bouleversé la donne.
Incontestablement, le recul des prix du pétrole représente un avantage pour les consommateurs et pour l’économie mondiale. Cependant, cet effondrement de 50 % dans le cours d’un produit de base aussi majeur causera évidemment bien des perturbations. Pour les pays producteurs, cet affaissement de leurs revenus entraînera son lot de difficultés; le Canada est bien placé pour le savoir. Pour l’économie mondiale, le principal facteur de risque réside dans l’effet domino que cette chute du cours de l’or noir pourrait enclencher.
Courants contraires
Le pétrole jouera un rôle déterminant dans l’évolution de l’économie mondiale et des marchés en 2015. Les récentes élections grecques ravivent par ailleurs l’incertitude politique dans la zone euro, une région qui reste aux prises avec un endettement insoutenable et un taux de chômage dans les deux chiffres. Une fois encore, les vicissitudes de la politique risquent fort d’entraver ce lent rééquilibrage économique si nécessaire à l’Europe…
Du côté des bonnes nouvelles, les États-Unis connaissent actuellement une très nette embellie! Tant que la Chine, deuxième économie mondiale, continuera de se consacrer à sa restructuration intérieure, nos voisins du Sud semblent bien en selle pour jouer les moteurs de la croissance mondiale. De plus, contrairement aux banques centrales de l’Europe, du Japon, du Canada et d’autres pays qui assouplissent leurs politiques monétaires pour stimuler la croissance, la Réserve fédérale des États-Unis devrait annoncer un relèvement des taux d’intérêt en 2015.
Puisque la croissance économique semble reprendre de l’autre côté de la frontière, un tel resserrement monétaire n’aurait rien d’étonnant; il constituerait même un excellent signe à bien des égards. Les marchés n’aiment pas que les taux d’intérêt augmentent… Dans le contexte économique mondial actuel, la Réserve fédérale devrait toutefois se contenter d’ajustements minimes et graduels.
Après avoir brièvement suivi des courbes de croissance synchronisées, les économies du monde se sont donc remises à diverger. Pour les investisseurs, ces courants contraires représentent tout à la fois de nouveaux défis à relever et de nouvelles occasions à saisir… Sur les marchés, ces remous causeront inéluctablement quelques turbulences.
Les marchés boursiers étrangers
Même si la volatilité des marchés devrait s’accentuer, 2015 s’annonce comme un bon cru pour les investisseurs! Selon toute probabilité, les actions dégageront encore des rendements supérieurs à ceux des obligations, quoique plus modestes. Les marchés boursiers étrangers restent les plus prometteurs. Les titres des États-Unis bénéficient de l’excellente conjoncture économique de nos voisins du Sud. Dans la zone euro, en dépit des déséquilibres qui persistent, la mise en place de nouveaux stimuli monétaires, le recul de l’euro et la baisse des prix pétroliers devraient favoriser les marchés.
Au terme de six années de croissance, il est bien difficile d’imaginer que le cours des actions des États-Unis (mesuré par l’indice de référence S&P 500) puisse établir un nouveau record en augmentant pour une septième année consécutive. L’expérience prouve que les tendances haussières ne sont pas éternelles… Néanmoins, la situation de l’autre côté de la frontière s’avère très exceptionnelle : l’économie est en pleine croissance; le rendement des obligations n’a jamais été aussi bas ou presque; la chute des prix pétroliers stimule la consommation… Au total, il n’est pas impossible que les marchés boursiers des États-Unis maintiennent leur ascension en 2015!
Fin de l’ascension pour les produits de base
La conjoncture canadienne se révèle bien différente. En janvier, la baisse des taux d’intérêt décrétée par la Banque du Canada a surpris plus d’un analyste; elle confirme aussi que notre économie reste fragile face à l’instabilité actuelle des cours du pétrole et d’autres produits de base. Inévitablement, cette vulnérabilité accentue la volatilité de notre marché boursier.
Les services financiers, l’énergie et les matières premières représentent plus de 60 % du marché canadien des actions. À l’heure actuelle, les achats et les ventes des titres bancaires canadiens ainsi que leurs cours évoluent exactement comme ceux de l’or noir. Le manque de diversification de notre marché boursier n’est pas nouveau. Depuis de longues années, la faiblesse du dollar US et la forte croissance du marché des produits de base réussissaient toutefois à camoufler cette faiblesse. Aujourd’hui, la réalité rattrape les acheteurs de titres canadiens.
À quoi devons-nous nous attendre pour l’avenir? Les avis divergent. Je vous présente ici le point de vue des analystes qui m’apparaissent les plus dignes de confiance. Les gestionnaires de portefeuille Signature de Placements CI estiment ainsi que la baisse du cours de l’or, il y a un an, et l’effondrement récent des prix pétroliers sont de nature structurelle. En d’autres termes, ce ne sont pas des aberrations du marché qui devraient se régler rapidement d’elles-mêmes. Selon ces experts, nous arrivons en fait à la fin d’une très longue expansion du marché des produits de base qui a été alimentée par la croissance explosive de la demande chinoise. Et maintenant que cette demande s’essouffle? « Les années 2010 n’ont pas été favorables au Canada jusqu’à maintenant, et elles ne le seront pas d’ici la fin de la décennie, particulièrement sur le plan boursier », conclut Drummond Brodeur, Gestionnaire de portefeuille et stratège des placements mondiaux, Signature Gestion mondiale d’actifs.
Vous attendiez que le dollar canadien se redresse pour partir en Floride? Vous risquez de patienter longtemps… La Banque du Canada pourrait envisager une autre baisse des taux d’intérêt, ce qui ferait encore perdre quelques plumes à notre huard face au billet vert. Mon conseil? N’hésitez plus à vous envoler vers le Sud! Après cet hiver pénible, nous avons tous et toutes besoin de soleil…