Seriez-vous confus ces derniers temps avec l’orientation de l’économie et les épisodes interminables des marchés boursiers? Si c’est le cas, vous n’êtes pas les seuls. Et si vous êtes déroutés par tous ces événements, j’aimerais vous éclairer et vous soulager un peu.
L’horizon économique
Depuis ma dernière correspondance, le ciel s’est plutôt assombri dans le paysage économique. Même si rien ne prouve que nous nous dirigeons vers une récession, nous savons que la croissance économique a nettement ralenti, particulièrement dans certains secteurs. La pente raide sur laquelle glissent les marchés boursiers depuis le début de l’année reflète bien cette incertitude économique. Et qui plus est, tant que dure cette incertitude, un marché encore plus volatile est à prévoir.
Pour comprendre cette dynamique, il ne faut pas oublier que le cours du marché dépend essentiellement de la rentabilité des entreprises. Lorsque les profits montent, le marché prend de la valeur. À l’inverse, lorsqu’ils se dégradent, les valeurs chutent. Le marché boursier n’entraîne pas de récession économique, mais il tente d’anticiper l’orientation de l’économie. Tant que les perspectives économiques sont floues et que les revenus de sociétés continuent de décevoir, le marché fera baisser les prix. Ce qu’il faut surtout retenir, en tant qu’investisseur, c’est que notre économie étant cyclique, les hauts et les bas du marché le sont aussi. La clé, c’est d’être prêt face aux ralentissements inévitables, et poursuivre contre vents et marées une stratégie de placement axée sur la diversification.
Les perspectives du marché
Tous les grands indices boursiers en Amérique du Nord sont au moins 20�% en dessous de leurs pics les plus récents.
Depuis 1955, l’indice de référence au Canada, le TSE 300, est passé huit fois par ces ��marchés à la baisse��, soit ces périodes pendant lesquelles les valeurs ont chuté d’au moins 20�%. Généralement, cette déprime des marchés s’étalait sur 10 à 11 mois, accusant des pertes entre 25�% et 30�% en moyenne. Ce sont des périodes pénibles à priori, mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’il n’y a rien de nouveau ni de différent avec ce que nous vivons en ce moment, et, à ce titre, il n’y a aucune raison de s’inquiéter. Pour l’instant, l’économie des États-Unis, et en particulier celle du Canada, se porte bien mieux qu’elle ne se portait pendant la plupart de ces autres périodes de ralentissement. La dette publique est maîtrisée et l’inflation reste assez faible. En outre, la réduction des taux d’intérêt et des impôts est perçue positivement. C’est pourquoi on peut prévoir un redressement assez rapide d’un point de vue historique. Remarquons aussi, au moins au Canada, que le marché dans son ensemble (c’est-à-dire tout sauf le secteur de la haute technologie) n’a pas subi de perte significative jusqu’à présent. Permettez-moi de m’expliquer.
Jusqu’à aujourd’hui, le TSE 300 a chuté de presque 30�% depuis son dernier pic en octobre 2000. Mais, éliminons le sombre Nortel du paysage, et les résultats apparaissent subitement sous un éclairage totalement différent. De fait, la récente chute des valeurs boursières ne seraient même pas perçue comme une ��correction��, encore moins un ralentissement, si ce n’était de Nortel. L’explication est très simple. Avant qu’elle ne tombe en disgr�ce, la société Nortel représentait 35�% de l’indice. Depuis que ses valeurs ont dégringolé, elle représente maintenant pas loin de 10�% de l’indice. Ainsi, quand Paul Martin se plaît à nous rappeler que le Canada peut s’attendre à sortir indemne de cette période d’incertitude, il semble que les marchés lui donnent raison. Ce pourrait être la première fois depuis des décennies que l’économie canadienne surpasse celle des États-Unis!
Ce que vous devriez faire
Un certain nombre d’entre vous recevront des relevés intérimaires au cours des prochaines semaines. Même si vous pouvez vous attendre à avoir perdu du terrain, vous découvrirez sans doute que vos résultats sont meilleurs que prévu. Phénomène encore plus important, du moment que vous vous concentrez sur le long terme et que vous maintenez une stratégie de diversification, ce qui se passe sur le marché à court terme n’est guère préoccupant. En fait, comme je le dis souvent, quand le marché baisse, profitez-en pour acheter.
Voici qui donne à réfléchir�: selon Warren Buffet, un des investisseurs les plus prospères du siècle, si vous aviez régulièrement investi dans les valeurs industrielles du Dow Jones pendant la pire période du siècle dans l’histoire de la bourse (soit de 1929 à 1948), votre rendement annuel composé aurait été de 8�%. Et ceci, malgré le fait que l’indice a commencé à 300 en 1929 pour terminer à 177. (Aujourd’hui le Dow Jones se situe dans les 9�500!)
Tant qu’il y aura une activité économique sur cette terre et tant que nous continuerons à inventer de nouvelles façons de faire les choses, les marchés boursiers dégageront des profits. Aucun doute là-dessus. Alors, ne craignez pas de maintenir votre stratégie ni d’acheter pendant le ralentissement.