Nous voici à la mi-juillet 2002, plus de 28 mois après la déconfiture des valeurs technologiques, et les marchés n’ont jamais été aussi déprimés. Il semble que chaque fois qu’on pense en avoir enfin terminé avec ce marché à la baisse, quelque chose d’autre se produit, soulevant de nouvelles inquiétudes. Et c’est ainsi que nous poursuivons notre chemin sur des montagnes russes. Au cours des 28 derniers mois, on a assisté à l’incertitude économique, aux attaques terroristes du 11 septembre, au redoublement de la violence au Moyen-Orient, à la crise en Argentine et maintenant à une série de scandales financiers aux États-Unis.. Si vous commencez à en avoir assez, vous n’êtes pas les seuls!
J’aimerais commenter ces derniers événements et vous suggérer comment vous comporter dans cette vague de pessimisme qui sévit en ce moment.
Une cupidité contagieuse
Nul doute que les récents événements sur les nouvelles fraudes financières ont sérieusement ébranlé la confiance des investisseurs. Et certes, tout le monde craint que ce ne soit que le début d’une longue série. Ceci dit, faut-il pour cela ne plus faire confiance aux entreprises avec nos dollars durement gagnés? Ces scandales ont-ils miné la confiance des investisseurs jusqu’au cap de non-retour?
Afin de comprendre la vraie dynamique de ce qui se passe, il est important de placer ces scandales dans leur contexte. Tout d’abord, il faut dire que les Enron, Worldcom et consorts sont une minorité. La plupart des entreprises continuent à respecter les règles et mènent leurs affaires avec intégrité.
Ensuite, ce n’est pas une simple co�ncidence si ces cas de malversations ont fait surface après l’une des périodes les plus spéculatives de l’histoire du marché. Pour reprendre les propos d’Alan Greenspan, chef de la réserve fédérale des États-Unis, cette période a été marquée par une ��cupidité contagieuse��; une période où l’avarice a pris le pas sur le bon sens, et pas seulement celui des PDG qui ont aujourd’hui sali leur réputation. Dans un tel climat, il est bien naturel – malheureux mais naturel – que certaines entreprises soient tentées de truquer les chiffres. Comme le déclarait récemment l’ancien Premier ministre du Nouveau-Brunswick, ��? les scandales des entreprises ont été motivés par la pure cupidité, et cette cupidité ne se situent pas seulement au niveau des PDG et des dirigeants mais chez tous les actionnaires qui exigent des rendements toujours plus élevés. On continue à exercer de fortes pressions pour obtenir de meilleurs rendements et on vend pour acheter des actions d’entreprises dont les rendements sont élevés. Cette situation ne fait que créer une culture dans laquelle les entreprises sentent qu’elles sont obligées de générer tellement de profits qu’elles finissent par prendre le taureau par les cornes pour gérer leurs finances.�� The Financial Post. 9 juillet 2002.
Certes, de meilleurs règlements permettraient d’assainir de telles pratiques et de restaurer la confiance des investisseurs. Toutefois, nombre d’observateurs pensent que ce ne sera pas nécessaire en fin de compte. À l’avenir, le type de ch�timent financier que seuls les marchés boursiers peuvent infliger exerceront un effet des plus dissuasifs, sans compter les inévitables poursuites judiciaires.
Malgré la panique qui sévit actuellement, il y a fort à parier que tout ce g�chis sera loin derrière nous d’ici peu de temps. Et si nous avons une leçon à tirer de tout ceci, ce n’est pas de perdre confiance dans les entreprises. Nous ferions mieux de ne pas oublier que la cupidité peut séduire bien des gens, chefs d’entreprises comme grands ou petits investisseurs. Les marchés boursiers ne sont pas une loterie. La richesse ne peut se b�tir qu’avec l’assiduité, la patience et la discipline nécessaires.
Des occasions à votre portée
Alors, où allons-nous à présent? Combien de temps va durer ce marché à la baisse qui ne semble pas connaître de fin? Nul ne peut répondre à de telles questions. Pour l’instant, bien des facteurs sont soumis à la psychologie des investisseurs plutôt qu’aux bases du marché. Malgré l’humeur plutôt pessimiste ces jours-ci, ces bases semblent solides. En effet, l’économie, les taux d’intérêt et les profits des entreprises se portent très bien. Pourtant, à cause des chutes libres auxquelles nous avons assisté ces dernières semaines, vous pourriez penser que nous nous dirigeons vers une récession économique alors que c’est l’inverse qui nous attend. Dans ce type de marché, tout peut arriver à court terme. Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est qu’en bout de ligne, ce sont toujours les bases du marché qui reprennent le dessus. Et du moment que celles-ci sont solides, ce n’est qu’une question de temps avant que les valeurs ne soient réévaluées à la hausse.
En attendant, il ne fait aucun doute dans mon esprit que les occasions ne manquent pas pour les investisseurs à long terme. Les actions d’un bon nombre de grandes entreprises se vendent en ce moment à des prix très réduits et c’est le moment d’accroître vos stocks (sans jeu de mots!). Dans le cas des fonds communs de placement, ce n’est pas la peine de vous demander quelles entreprises ont le mieux à offrir, parce que vous avez confié votre travail à des gestionnaires avertis.
Je ne lis pas dans l’avenir du marché. Je n’ai aucune idée du temps que cela prendra pour que les évaluations retournent à la hausse, et je ne sais pas quand les prix se ressaisiront ni combien de temps il faudra pour que les principaux indices boursiers atteignent de nouveaux sommets. Cela peut prendre des années. Au bout du compte, ce n’est pas important tant que vous envisagiez des investissements à long terme et que vous ayez la possibilité d’investir pendant que les prix sont à des niveaux que vous ne retrouverez peut-être jamais. Il n’y a aucune certitude. C’est la nature même des investissements boursiers. Mais, comme le déclarait Warren Buffet, un des investisseurs les plus prospères de notre temps�: ��L’avenir n’est jamais limpide; tout le monde s’accorde joyeusement pour payer ses actions un prix très élevé. L’incertitude est en fait un ami pour celui qui achète des valeurs à long terme��.