En avez-vous par-dessus la tête de la neige? Au sens propre comme au sens figuré? Hélas, la volatilité des marchés ajoute à notre humeur maussade. Le printemps est déjà là, au moins sur les calendriers. Mais pour les placements, l’embellie risque de se faire attendre.

Quelle est la cause de cette morosité boursière? L’incertitude, véritable bête noire des marchés.

L’été dernier, la première onde de choc de l’effondrement du marché des prêts hypothécaires à haut risque frappait de plein fouet le secteur financier. Depuis, les investisseurs réagissent frénétiquement au flux incessant des nouvelles, bonnes ou mauvaises.

Côté ombre, les pertes du secteur bancaire s’alourdissent et le resserrement mondial du crédit s’accentue de jour en jour; les analystes sont de plus en plus nombreux à redouter qu’un ralentissement de l’économie états-unienne n’entraîne une véritable récession; enfin, les prix pétroliers record font craindre le retour de la « stagflation » des années 1970 (croissance économique languissante, forte inflation et chômage élevé). Ces éventualités ne présagent rien de bon pour les revenus des entreprises, qui déterminent les cours boursiers.

Côté soleil maintenant, plusieurs constatations sont de nature à nous remettre du baume au cœur. Les banques centrales travaillent de concert à la résolution de la crise des liquidités déclenchée par l’effondrement du marché des prêts hypothécaires à haut risque. Aux États-Unis, la Federal Reserve a maintes fois prouvé sa détermination à mettre en œuvre tous les moyens dont elle dispose pour maintenir le secteur financier à flot et parer au risque de repli économique chez nos voisins du Sud.

Les États-Unis sont-ils en récession? Les avis divergent. Quoi qu’il en soit, l’économie canadienne reste forte, en particulier grâce à la demande soutenue de nos ressources naturelles. À l’échelle mondiale, tout indique que l’économie se porte plutôt bien. Certains analystes en concluent que le monde ne dépend plus autant qu’avant de l’économie états-unienne, et qu’il est par conséquent moins fragile face à ses décélérations.

Enfin, d’une manière générale, les actions se vendent actuellement à des prix raisonnables sur les marchés boursiers. Bien qu’ils reposent sur des bases solides, plusieurs titres de qualité ont même été durement touchés par la révision du coût du risque intervenue depuis la crise des prêts hypothécaires à haut risque. En d’autres termes, les investisseurs ont souvent jeté le bébé avec l’eau du bain – ce qui nous offre aujourd’hui d’excellentes possibilités d’achat! Ce phénomène est particulièrement visible dans le secteur bancaire et dans celui de la construction résidentielle et ses domaines d’activité connexes. Par ailleurs, l’Asie et d’autres marchés internationaux bénéficient d’une forte croissance économique en dépit de rendements boursiers médiocres. Maintenant, vous comprenez mieux l’évolution récente de vos fonds de titres internationaux!

Au total, si certains indicateurs témoignent bien d’un ralentissement économique aux États-Unis, rien ne doit nous faire craindre une longue récession ou un retour de la stagflation. L’incertitude reste néanmoins très forte et c’est elle, en définitive, qui détermine le comportement des marchés. L’état d’esprit des investisseurs est comparable à celui que l’on a pu observer à l’occasion d’autres perturbations des marchés, par exemple après le 11 septembre 2001. Mais l’histoire nous enseigne que ces périodes de pessimisme extrême annoncent toujours la lumière au bout du tunnel.

Cette vigueur renouvelée est tout aussi certaine que le retour du printemps! Quand interviendra-t-elle? Cela reste à voir. Tant que nous n’aurons pas pris la pleine mesure des répercussions de l’effondrement du marché des prêts hypothécaires à haut risque et que l’incertitude économique persistera, les marchés resteront volatiles. Pour l’instant, le meilleur moyen de tirer avantage de cette situation est de vous en tenir à votre stratégie de placements et d’accroître votre portefeuille dans la mesure du possible. Ainsi que le disait Warren Buffet, l’un des investisseurs les plus talentueux de notre temps : « L’avenir est largement imprévisible; tout le monde s’accorde joyeusement pour payer ses actions très cher. L’incertitude est en fait un ami pour celui qui achète des valeurs à long terme. » (Warren Buffet Speaks, Janet Lowe, éditions Wiles & Sons, 1997).

Joyeux printemps!