Je m’apprêtais à vous écrire à propos de l’affaire Earl Jones, mais il semble que The Gazette m’ait coupé l’herbe sous le pied! Vous trouverez donc en annexe un article paru dans ce quotidien le vendredi 17 juillet qui cite certains de mes propos.
Il va sans dire que ce genre d’affaire ne se limite jamais à ce qu’en rapportent les médias. (Soit dit en passant, je ne me qualifierais jamais de « petite conseillère »!) Mais voyons d’abord les faits, tels que nous les connaissons.
Earl Jones avait un bureau à Pointe-Claire où il exerçait sous l’égide d’une entreprise qu’il appelait « Consultant and Administration Corporation. » Il se faisait passer pour un conseiller avisé et attentionné qui avait des liens avec la Banque Royale. Il a ainsi mené ses affaires durant quelque 25 ans, réussissant à persuader beaucoup de veuves et de retraités de lui confier les économies de toute leur vie. Puis, un vendredi après-midi, il s’est tout simplement volatilisé avec tout l’argent de ses clients non méfiants. C’est seulement alors qu’on s’est rendu compte que Earl Jones n’avait jamais été inscrit comme conseiller financier d’aucune sorte. Il ne détenait aucun permis d’exercice, ni titre professionnel. Il n’était qu’un imposteur.
Il semble incroyable que quelqu’un ait pu faire durer une telle escroquerie pendant si longtemps sans déclencher d’alarme ou ni même éveiller de soupçons. Mais si vous avez vu le film « Arrête-moi si tu peux », inspiré de la vie de Frank Abagnale, vous savez qu’il n’est pas si difficile que ça de se faire passer pour quelqu’un d’autre.
La véritable leçon à tirer du scandale Earl Jones est que, lorsqu’on retient les services d’un professionnel du domaine financier ou autre, il est toujours profitable de vérifier à qui on a affaire. Les Earl Jones de ce monde tablent généralement sur la confiance que les gens accordent à leurs amis et parents et sur le réflexe qui consiste à croire que, si quelqu’un que nous connaissons et respectons fait affaire avec un type, c’est sans doute un type bien, n’est-ce pas? À l’évidence, ce n’est pas toujours le cas. Il faut donc toujours vérifier à qui on a affaire avant de faire affaire avec qui que ce soit.
Pour les investisseurs, cette précaution minimale est assez facile à prendre. Tous les conseillers financiers doivent être agréés par l’un des organismes de réglementation reconnus, dont les registres sont facilement accessibles par Internet ou par téléphone. Le système prévoit des mesures de protection. Des fonds d’indemnisation sont également accessibles aux victimes de fraude ou de faillite. Mais pour bénéficier d’une telle protection, il faut que votre conseiller soit dûment inscrit. PEAK a préparé à ce sujet un document fort utile que vous pouvez consulter à partir de ce lien.
Incidemment, le journaliste qui m’a interviewée pour son article ne s’est même pas donné la peine de vérifier mes titres de compétence. Comme la plupart d’entre vous le savez, je suis titulaire de deux permis d’exercer (permis de conseillère en placements chez Valeurs mobilières PEAK et permis de conseillère en sécurité financière, qui m’autorise à exercer comme courtière d’assurances de personne). Je détiens de plus le titre de Planificateur financier. Tous ces renseignements sont étrangement omis dans l’article!
Une autre mesure essentielle qu’un investisseur peut prendre pour se protéger est d’apprendre à reconnaître les signes qui doivent faire craindre l’existence d’une fraude. Si les clients d’Earl Jones en avaient connus quelques-uns, ils n’auraient peut-être pas été dupés si facilement.
J’ai dit plus haut combien il est important de vérifier à qui on a affaire. Il faut aussi se rappeler, devant les rendements élevés et exempts de risques que certains font miroiter et qui semblent trop beaux pour être vrai, que de tels rendements sont en effet trop beaux pour être vrais! Les escrocs patentés font souvent usage de tels arguments pour arnaquer des retraités vivant d’un revenu fixe ou de futurs retraités qui craignent de manquer d’argent. Voici d’ailleurs quelques autres arguments qui peuvent dénoter une escroquerie :
1)Placements à l’étranger exempts d’impôts
2)Tuyau d’initié – faites vite!
3)Gagnez autant que les experts!
En terminant, quelques mots à propos de la confiance… Le secteur financier a connu plus que sa part de scandales (sans même parler d’escrocs comme Earl Jones) et je sais que ces incidents ne renforcent guère la confiance accordée aux organismes de réglementation ou aux conseillers — petits et grands! S’il reste beaucoup à faire pour renforcer les mesures de protection en place, il ne faut pas pour autant perdre sa capacité à faire confiance.
Le Québec compte environ 40 000 conseillers financiers inscrits auprès de l’AMF (Autorité des marchés financiers). Moins de 1 % de ces hommes et femmes ont été trouvés coupables de fraude ou d’actes répréhensibles. Cela signifie que 99,6 % des conseillers en exercice veillent chaque jour avec dévouement et discrétion aux intérêts de leurs clients.
Soyons sage. Soyons vigilant. Mais surtout ne laissons pas quelques fraudeurs obnubiler notre esprit et nous faire oublier la vaste majorité de professionnels compétents et honnêtes qui sont au service de leurs clients. C’est en définitive sur le lien de confiance entre ces professionnels et leurs clients que repose la santé et la prospérité des affaires. Je vous suis, pour ma part, toujours aussi reconnaissante de la confiance que vous me témoignez. Aucune réglementation ne peut remplacer cela.
N’hésitez pas à me contacter si vous avez la moindre question à propos de cette affaire ou d’autre chose. Je vous communiquerai sous peu de nouvelles informations à propos du programme « Virage vert » de Peak et de « pousses vertes », des signes annonciateurs de reprise.
Sara Gooderham Juillet 2009