« Sans précédent » : voici résumée, en deux mots, l’évolution des marchés en 2009…
L’année s’est amorcée sous des auspices effroyables pour les investisseurs. L’économie titubait encore sous le coup de l’effondrement quasi complet du système financier international. En dépit des interventions des gouvernements de l’Europe et des États-Unis et de la coordination « sans précédent » des banques centrales, les marchés boursiers restaient en chute libre. La peur était palpable partout. À la mi-mars, tout change! La tendance baissière s’inverse; elle se maintiendra jusqu’à la fin de l’année. Après avoir atteint son niveau le plus bas en mars, le TSX canadien gagne près de 60 %, une croissance « sans précédent » en un laps de temps aussi court. Au total, notre indice de référence clôturera 2009 sur un gain annuel de 31 %. Et le Canada n’est pas un cas isolé. Chez nos voisins du Sud, le S&P 500 a gagné 23 % sur l’année; l’indice mondial MSCI, 32 %. (Source : The National Post, le 4 janvier)
Nous sommes loin d’avoir regagné le terrain perdu pendant la crise financière. Néanmoins, force est de constater que les marchés se sont ressaisis bien plus rapidement qu’on aurait pu le prédire.
La crise financière, un an déjà. Quel bilan?
On pourrait être tenté de croire que la crise est terminée : après tout, n’observe-t-on pas une reprise vigoureuse des marchés? Et puisque les généreux bonis ont recommencé à déferler sur Wall Street, on pourrait presque en venir à penser qu’elle n’a jamais vraiment eu lieu… Ce n’est pas si simple.
En l’état actuel des choses, la situation est stabilisée et les banques ont recommencé à prêter. Voilà pour les bonnes nouvelles! Mais le système financier reste très fragile, ainsi qu’en ont témoigné les débâcles par ricochet de l’Islande, la Grèce et, plus récemment, Dubaï. À plus long terme, le rétablissement du système financier mondial exigera une réorientation sérieuse de la réglementation dans les différents pays, mais aussi à l’échelle internationale. Cela ne sera pas facile. Les législateurs des États-Unis et de l’Europe envisagent actuellement des remaniements d’envergure dans la réglementation de leurs systèmes financiers respectifs. La politique étant ce qu’elle est, leurs travaux avancent à petits pas. Quant à la mise sur pied de règles internationales encadrant les flux de capitaux, malgré l’intérêt qu’elle suscite, elle ne sera certainement pas concrétisée prochainement.
En un mot, des défis considérables se dressent encore devant nous. Pour l’instant, grâce aux mesures incitatives monétaires et fiscales massives qui ont été mises en place, les marchés prennent du mieux et l’économie se raffermit. Retrouvera-t-elle suffisamment de vigueur pour soutenir un rétablissement durable? Cela reste à voir.
La reprise économique et l’évolution des marchés
Après une récession grave, la reprise économique s’avère généralement très vigoureuse. Cette fois, plusieurs facteurs d’incertitude assombrissent le redémarrage : le chômage, les taux d’intérêt, l’inflation – et, bien sûr, l’accroissement vertigineux de la dette publique. Les plans de sauvetage gouvernementaux ainsi que les incitatifs fiscaux d’envergure déployés pendant la crise financière se traduisent aujourd’hui, dans certains pays, par un ratio dette publique/PNB « sans précédent ». Au Canada, il devrait passer de 25 à 35 % – ce qui reste gérable. Mais sous d’autres latitudes, la dette publique représente 100 % du PNB! La côte ne sera pas facile à remonter… Pas besoin d’être devin pour prédire que les niveaux d’imposition vont augmenter. (Source: Don Drummond, Group financier Banque TD, The National Post, 7 janvier) Les taux d’intérêt n’ont jamais été aussi faibles. Tôt ou tard, les banques centrales débrancheront ce « respirateur artificiel » de l’économie pour endiguer le risque inflationniste. Inévitablement, la croissance en souffrira. Or, sans croissance robuste, il sera bien difficile de recréer les emplois perdus pendant la récession… Pour l’instant, les analystes prévoient que les banques centrales vont permettre à court terme une certaine inflation afin de bénéficier de taux d’intérêt faibles le plus longtemps possible.
Il est possible que les contrecoups majeurs de la crise financière soient maintenant derrière nous. Même si tel est le cas, l’économie n’est pas tirée d’affaire pour autant. Une bonne nouvelle au moins peut nous réjouir : la plupart des économistes prévoient une reprise durable pour 2010; le bémol : les taux de croissance devraient rester modestes pour le Canada et les États-Unis – probablement aux alentours de 2 ou 3 %. (Source: Investment Executive, janvier 2010) Malgré l’éblouissant revirement du marché depuis 10 mois, la prudence reste de mise pour les investisseurs. La reprise économique étant encore fragile, le cours des actions devrait continuer d’augmenter l’an prochain, mais beaucoup moins qu’en 2009.
Et les dix prochaines années?
La crise financière nous a imposé des circonstances « sans précédent ». Elle nous oblige ainsi à tracer de nouveaux sentiers, à défricher de nouveaux territoires. Les obstacles seront nombreux; nous devons le savoir et nous y préparer. Les transitions d’importance ne sont jamais aisées. Le système financier et la culture financière en général sont en train d’évoluer. Lentement, mais dans le bon sens. Voilà qui devrait nous encourager! Sachant qu’il a fallu plusieurs décennies pour instituer les problèmes qui ont mené à la crise, il n’est sans doute pas déraisonnable de penser qu’il faudra bien quelques années pour reconstruire un système financier mondial plus solide et plus durable.
Dans mon bulletin de la fin de l’année 2008, je vous parlais de la mentalité de casino, si présente dans notre culture financière, et du rôle qu’elle a joué dans la crise. Heureusement, dans ce domaine aussi, le vent commence à tourner. Le tollé suscité par les récents bonis des banquiers de Wall Street témoigne d’un changement radical dans l’opinion publique. Le succès de la campagne lancée par les fonds Meritas en faveur du vote consultatif sur la rémunération des hauts dirigeants de la finance confirme cette tendance. (Pour en savoir plus : www.meritas.ca) Les dix prochaines années seront sans doute très intéressantes… Rappelez-vous! En ce monde de changement perpétuel, la voie la plus sûre consiste à garder constamment le cap de cette sagesse intemporelle qui a fait ses preuves, et qui forme l’assise de la réussite financière et de la prospérité véritable.
Sara Gooderham janvier 2010
Note de Valeurs mobilières PEAK : Les renseignements contenus aux présents ont été préparés par Sara Gooderham, une conseillère en placements auprès de Valeurs Mobilières PEAK. Les présents commentaires ont été obtenus de sources que nous croyons fiables mais ne sont pas garantis et pourraient être incomplets. Les opinions exprimées ici ne reflètent pas nécessairement celles de Valeurs Mobilières PEAK. Valeurs mobilières PEAK est un membre du Fonds Canadiens de Protection des Épargnants.