Comme si deux corrections boursières en 2018 ne suffisaient pas, un autre repli, très important, juste avant Noël a administré aux investisseurs un « triplé » et a carrément laissé tous les principaux indices boursiers dans le rouge à la fin de l’année. Ainsi, l’indice de référence américain S&P 500 clôturait l’année avec une perte pour la première fois en dix ans. Décidément, la volatilité des marchés boursiers est de retour, et en force!
Inutile de le dire, de nombreuses incertitudes pèsent sur les investisseurs depuis un bon moment déjà en raison d’une foule de choses, dont les guerres commerciales et les préoccupations géopolitiques. En décembre, la situation mondiale a empiré, tandis que le ralentissement de la croissance économique suscitait de nouvelles inquiétudes. Puis le prix du pétrole a chuté. Mais pour les investisseurs, la goutte qui a fait déborder le vase a été la décision de la Réserve fédérale américaine de relever les taux d’intérêt pour une quatrième fois cette année.
Depuis le début de l’année 2019, le cours des actions est de nouveau en hausse, en particulier après que Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, a réitéré l’intention de la banque centrale de rester flexible en regard des turbulences des marchés et des signes de ralentissement de la croissance économique. C’était exactement ce que les investisseurs voulaient entendre pour être rassurés.
Il ne fait aucun doute que les taux d’intérêt comptent pour les investisseurs – et beaucoup! La hausse des taux et la tendance générale au resserrement de la politique monétaire ont été des thèmes majeurs en 2018, donnant un ton nouveau au climat de l’investissement.
Habituellement, lorsque les banques centrales augmentent les taux d’intérêt, l’objectif est de ralentir le rythme des emprunts et des dépenses afin d’éviter une surchauffe de l’économie et de maintenir l’inflation à des niveaux raisonnables. Cependant, dans le contexte actuel, l’inflation est moins préoccupante, du moins pour le moment. En effet, les banques centrales cherchent à « normaliser » la politique monétaire à la suite de la crise financière de 2008. Comme les assises économiques se révèlent plus stables, le moment est venu de ramener les taux à des niveaux plus neutres. De plus, à mesure que les taux d’intérêt augmentent, la Réserve fédérale continue de démanteler ses programmes d’assouplissement quantitatif, ce qui a également un impact. La politique monétaire se resserre donc de plusieurs manières et les marchés financiers commencent à le sentir.
Le tableau suivant montre comment les taux directeurs de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale ont fluctué au fil du temps. Comme on peut le constater, les taux actuels de 1,75 % au Canada et de 2,25 % aux États-Unis restent très bas par rapport à toute mesure historique, pourtant ils représentent une augmentation considérable du coût d’emprunt sur une période relativement courte.
La Réserve fédérale a maintenu des politiques de taux d’intérêt proches de zéro pendant plusieurs années et il était clair que le retour « à la normale » serait un gros ajustement. Les deux banques centrales, américaine et canadienne, ont indiqué que toute nouvelle hausse des taux continuerait d’être progressive et dépendrait beaucoup de la capacité qu’aurait l’économie de continuer à absorber des taux plus élevés sans ralentir le rythme de la croissance.
Toutefois la Réserve fédérale a un énorme défi à relever pour trouver le bon équilibre en ce qui concerne sa politique monétaire. Jerome Powell, président de la Fed, doit également prendre en compte l’impact de la hausse des taux sur le commerce mondial et l’expansion économique hors des frontières américaines. Alors que les États-Unis se comportaient bien sur le plan économique en 2018, le reste du monde n’a pas pleinement participé à la hausse. Et avec le resserrement de la politique monétaire aux États-Unis, la valeur du billet vert a grimpé en flèche, de même que le coût des emprunts en dollars américains. Le résultat a été des ruptures et des tensions dans l’économie mondiale.
Alors, qu’est-ce que tout cela signifie pour vos investissements? La plupart d’entre vous ont déjà compris la relation inverse entre les obligations et les taux d’intérêt. Les actifs à revenu fixe subissent des pressions à la baisse depuis quelques années en raison de la hausse des taux d’intérêt. Mais nous en constatons également l’impact sur la valeur des actions, comme le montre la récente turbulence des marchés. En 2018, les taux d’intérêts plus élevés ont créé une volatilité considérable à la fois sur le cours des obligations et des actions, laissant aux investisseurs peu de place pour se cacher! Examinons chacune de ces catégories d’actifs séparément, titres à revenu fixe et actions, pour mieux comprendre comment fonctionne cette relation.